IBÉRIQUE (PÉNINSULE)

IBÉRIQUE (PÉNINSULE)
IBÉRIQUE (PÉNINSULE)

La péninsule Ibérique, à la pointe sud-ouest de l’Europe, fait partie intégrante de celle-ci, mais, isolée géographiquement et historiquement, elle présente une puissante originalité. Elle constitue un ensemble élevé, surtout montagneux: des chaînes d’âge cénozoïque encadrent au nord et au sud-est un vieux socle stable protérozoïque et paléozoïque; ce dernier, affecté par des plissements hercyniens intenses, fut arasé avant le Mésozoïque; il détermine de hautes plaines d’où émergent des reliefs intérieurs, les uns résiduels, les autres résultant d’un rajeunissement, et qu’entaille le chevelu hydrographique; enfin, des plaines littorales s’allongent surtout sur le bord méditerranéen.

Pays très varié, où les influences atlantiques et méditerranéennes tantôt s’affrontent, tantôt sont séparées par la masse continentale centrale de la Meseta, la péninsule Ibérique est divisée en deux États, l’Espagne et le Portugal, chacun d’eux comportant de grandes provinces historiques dont les limites correspondent souvent à des réalités humaines ou géographiques.

1. Données géographiques

L’ensemble montagneux du Nord comporte la chaîne des Pyrénées, dont la zone axiale cristalline et cristallophyllienne porte des reliefs dépassant 3 000 mètres (pic d’Aneto, 3 404 m). Cette véritable barrière domine les sierras calcaires espagnoles, dans les parties orientale (Pyrénées catalanes) et centrale (Pyrénées aragonaises); elle se désorganise à l’ouest (Pyrénées basques), mais la chaîne se prolonge le long du littoral atlantique par les monts (ou Pyrénées) Cantabriques, à matériel calcaire mésozoïque, d’où émerge, à l’ouest, le Paléozoïque des Asturies, intensément plissé et rajeuni. La large dépression intérieure de l’Èbre, des provinces basques à la Catalogne, isole l’ensemble pyrénéen (au sens large) de la Meseta, au sud. Celle-ci est, de plus, bordée au nord-est par la chaîne Ibérique, culminant au Moncayo (2 316 m), vieux socle recouvert d’une couverture mésozoïque brisée et plissée en direction nordouest - sud-est, limitée par les môles de la Demanda, à l’est de Burgos, et du Maestrazgo, sur la Méditerranée.

La chaîne méridionale est constituée par les cordillères bétiques, culminant au Mulhacén (3 478 m); elles s’étendent de l’Atlantique et du détroit de Gibraltar au cap de la Nao, pointé en direction des îles Baléares, qui en forment le prolongement géologique naturel. L’ensemble bétique comporte des chaînons schisteux, au sud, et, surtout, calcaires, au nord principalement.

La Meseta ibérique, vieux socle arasé, pauvre en roches carbonatées, sépare les deux ensembles montagneux du Nord et du Sud. Elle forme d’immenses et hautes plaines, les unes résultant d’une pénéplanation qui a débuté à la fin du cycle hercynien, les autres de comblements par des formations d’eau douce, marno-calcaires, datant du Cénozoïque: Vieille et Nouvelle-Castille, au nord et au sud de Madrid (altitude 668 m), que prolongent la Manche au sud-est, l’Estrémadure au sud-ouest et la sierra Morena au sud. Les faibles reliefs de cette dernière dominent la dépression du Guadalquivir, orientée est-ouest, remplie d’alluvions quaternaires et, surtout, de marnes miocènes, au pied nord du système bétique. Les reliefs liés à la Meseta, eux aussi à matériel ancien, gréso-schisteux, se placent surtout au centre de la péninsule (sierra de Guadarrama, culminant à 2 592 m et dominant Madrid, sierra de Gredos, etc.) et au nord-ouest: Galice, Trás os Montes, et bourrelet montagneux séparant plus au sud l’Espagne du Portugal.

Les plaines littorales sont essentiellement localisées sur la bordure atlantique du Portugal, occupée par des formations mésozoïques et des bassins cénozoïques effondrés (du sud de Porto au nord-ouest de Beja), et sur la façade méditerranéenne. Si, du cap Creus à l’embouchure de l’Èbre, la chaîne catalane, à matériel paléozoïque, borde la mer, plus au sud, un large et fertile ruban fait la prospérité des régions de Tarragone, Valence et, non loin de là, mais à l’intérieur du système bétique, de celles d’Alicante et de Murcie. Toutes ces plaines, à remplissage de Cénozoïque supérieur et de Quaternaire, sont liées à des effondrements postérieurs à la tectogenèse paroxysmale alpine.

Le réseau hydrographique est orienté généralement est-ouest, parallèlement aux lignes structurales cénozoïques. Il comporte les éléments suivants:

– le réseau cantabrique et asturien, courts torrents à alimentation constante liée au climat atlantique, dévalant vers la côte nord;

– les grands draineurs de la Meseta, qui s’écoulent vers l’Atlantique, mais prennent leur source très loin à l’est; réseau du Douro (Duero), allongé sur 850 kilomètres, de Soria à Porto; réseau du Tage, des monts Ibériques à Lisbonne (1 000 km), et du Guadiana, de la Manche à la façade sud du Portugal; enfin réseau du Guadalquivir (579 km), avec son delta si complexe et ses marécages, dont l’influence sur l’économie andalouse est primordiale. Tous ces draineurs, paresseux et tranquilles, sont alimentés par le véritable château d’eau constitué par l’ensemble allant des monts Ibériques au sud de la Manche; – de maigres et brefs torrents, sur la façade sud des cordillères bétiques et dans le Levant, pauvres en eau pendant la plus grande partie de l’année, sauf ceux d’Andalousie occidentale, de Gibraltar à Almeria (Guadalhorce, Guadalfeo, etc.), dont les hauts reliefs de la serrania de Ronda et de la sierra Nevada permettent l’alimentation, et mis à part le cas du rio Segura qui arrose les jardins de Murcie;

– le réseau de l’Èbre (930 km), fleuve impétueux qui prend naissance dans les montagnes basques, à quelques dizaines de kilomètres seulement de l’Atlantique, et qui recueille les énormes torrents descendus des Pyrénées, tels le Segre et les Nogueras, charriant jusqu’à son delta une énorme quantité de matériaux détritiques.

Les côtes de la péninsule sont très souvent élevées: falaises découpées des régions cantabriques, des Asturies et de Galice, où la mer envahit les basses vallées des fleuves (rias); corniche de la côte sud de l’Andalousie, du Levant, de la Costa Brava catalane, de la sierra nord de Majorque. Mais les plaines littorales, ainsi que les embouchures des draineurs, permettent l’installation d’innombrables plages.

Le climat est très variable. Au nord, de la Galice à l’Aragon, l’influence atlantique est dominante: forte pluviosité (souvent plus de 1 m), forêts abondantes, profondes altérations du sol. La Galice présente ainsi des traits de pays breton. Au sud et à l’est, le climat méditerranéen, avec de nombreuses variantes, l’emporte: pluviosité faible (sauf exceptions) et localisée en automne et en hiver, sécheresse allant jusqu’à des conditions proprement désertiques (régions de Carthagène et d’Almeria, etc.) ou subtropicales (région de Málaga à Motril), températures extrêmes qui permettent des cultures remarquables quand l’irrigation est possible. La façade portugaise montre une influence atlantique avec des précipitations notables, mais avec de fortes chaleurs. Le centre de la péninsule, enfin, est typiquement continental: étés chauds, mais brefs, hivers rigoureux et longs, pluviosité médiocre. Partout les vents dominants sont du secteur ouest ou nord-ouest.

La végétation est, sauf dans les régions basco-cantabriques et le nord-ouest de la péninsule, de type méditerranéen (chênes verts et, dans les régions de moyenne altitude, oliviers). Exceptionnellement, elle est de type désertique: palmeraies d’Elche, d’Orihuela...

Les ressources minières de la péninsule Ibérique sont nombreuses, variées et fort anciennement exploitées: charbon des Asturies et fer de Biscaye entraînant la localisation dans le Nord de beaucoup d’industries lourdes; mines métalliques de la Meseta, de Galice et du Portugal (étain), et, autrefois, des zones bétiques (plomb, zinc, cuivre, mercure). La production d’hydrocarbures, infime en Espagne, nulle au Portugal, grève l’économie de la péninsule.

2. Géologie et structure

La péninsule Ibérique se divise géologiquement en un certain nombre de zones structurales. La plus grande partie, au nord du Guadalquivir et à l’ouest d’une ligne nordouest - sud-est joignant Burgos à Albacete, est formée par la Meseta ibérique. Le socle ancien (Protérozoïque, Paléozoïque et roches granitoïdes hercyniennes), arasé aux temps hercyniens, est surmonté par du Mésozoïque (et du Cénozoïque) sur les côtes du Portugal, par des bassins lacustres cénozoïques en Vieille et en Nouvelle-Castille; il affleure largement partout ailleurs.

Au nord-est, à l’est et au sud, le socle de la Meseta s’enfonce sous du Mésozoïque épicontinental, repris par les plissements alpins. Au sud de la Meseta, il s’agit des cordillères bétiques; au nord-est, de la chaîne Ibérique. Celle-ci est séparée de l’ensemble des Pyrénées (avec leur prolongement cantabrique) par la dépression de l’Èbre. Enfin, la chaîne catalane, perpendiculaire à ces deux dernières chaînes, introduit un élément de diversité.

Les chaînes cénozoïques

Cordillères bétiques

Orogène large de 150 kilomètres, long de 600 (sans compter le prolongement baléare), les cordillères bétiques se relient par la courbure de Gibraltar à la chaîne alpine littorale de Berbérie, les Maghrébides. Ce système englobe l’essentiel de l’Andalousie, de la province de Murcie et du Levant. La chaîne Bétique montre des resserrements, avec nappes de charriage de plusieurs centaines de kilomètres, à l’image des Alpes. Zones externes, au nord, affrontant la Meseta, et zones internes, au sud, le long de la Méditerranée, sont au contact le long d’un accident complexe – la «faille Cadix-Alicante» –, par l’intermédiaire de zones médianes.

La couverture méridionale de la Meseta est formée par du Mésozoïque néritique ou continental. Vers le sud, celui-ci augmente d’épaisseur, se diversifie et s’enrichit en Paléogène épicontinental. Le tout est plissé et parfois écaillé vers le nord. Ces cisaillements sont bien développés aux Baléares, qui appartiennent toutes à cette zone et montrent, à Minorque, leur substratum paléozoïque. Cette «zone prébétique» s’enfonce vers le sud sous la «nappe subbétique», qui comporte, sur une base plastique de Trias germanique, gypsifère, des panneaux de Jurassique calcaire, avec leur couverture de marnes pélagiques du Crétacé et divers termes nummulitiques. Entre Subbétique charrié et Prébétique parautochtone s’intercalent des unités à faciès intermédiaire, caractérisées par un flysch au sommet du Crétacé inférieur, et par des brèches sous-marines. La tectonique essentielle des zones externes date du Miocène moyen.

Les zones internes, qu’une orogenèse du Miocène supérieur a replissées en « plis de fond», montrent trois grands ensembles charriés: à la base, les «Névado-Filabrides», avec l’énorme masse des micaschistes noirs de la sierra Nevada et des nappes supérieures, riches en carbonates d’âge mésozoïque discuté, avec des lames de roches basiques et ultrabasiques, ayant subi un métamorphisme de haute pression; plus haut, les «nappes alpujarrides», avec, à l’ouest, un puissant socle cristallophyllien pénétré par des péridotites du manteau mises en place au Paléogène, et un Permo-Trias puissant, ayant subi un métamorphisme alpin variable suivant les unités; le Trias moyen-supérieur carbonaté possède un net cachet «austro-alpin»; au sommet, les « Malaguides » (avec la «nappe de Málaga» de M. Blumenthal) qui comportent, au-dessus de schistes paléozoïques non ou peu métamorphiques, un Mésozoïque et un Éocène réduits. Métamorphisme polyphasé «alpin» et charriages se placent ici avant le début du Miocène, et vraisemblablement sont d’âge essentiellement éo-oligocène. De considérables déplacements en extension, essentiellement longitudinaux, affecteraient le domaine bétique interne, en relation avec la formation, au Miocène, de la mer d’Alborán.

Les zones médianes comportent deux unités principales. L’une frange au nord les Malaguides: c’est la «dorsale bétique», marge externe du domaine précédent, à matériel mésozoïque diversifié transversalement. Plus externes, mais localisés entre Grenade et Algésiras (Campo de Gibraltar), se placent les flyschs allochtones (Crétacé et Nummulitique), en grandes nappes de décollement, que l’on s’accorde pour enraciner à la limite entre zones internes et externes. Elles en auraient été expulsées à la fin du Miocène inférieur, en liaison avec la formation, d’interprétation discutée, de l’arc de Gibraltar. Le matériel de la nappe supérieure est surtout constitué par une série de grès «numidiens» (Aljibe), connue, comme l’est le matériel des unités sous-jacentes, dans le grand «sillon» à dominante flysch qui court le long de la chaîne maghrébide, de Tanger à la Calabre.

Le contact entre Internides et Externides est, dans la province de Murcie, cicatrisé par du Burdigalien terminal. Au nord, les zones externes ont été à la fois déplacées vers la Meseta ibérique et fragmentées en lanières longitudinales ayant coulissé vers l’ouest. Au sud, les zones internes posent de grands problèmes d’interprétation, même si leur géométrie d’ensemble est bien connue: outre les resserrements nord-sud, dus au rapprochement Europe-Afrique, le bloc interne, structuré avec des déplacements longitudinaux, s’est déplacé considérablement vers l’ouest en poussant et en ployant les unités de couverture plus externes (flyschs...).

Chaîne Ibérique

La chaîne Ibérique intracratonique interfère au sud-est avec les plis externes du Prébétique. Le Bétique chevauche les éléments structuraux ibériques, au sud de Valence. Allongée sur près de 400 kilomètres entre Burgos et Castellón de la Plana, large de 100 à 150 kilomètres, la chaîne Ibérique est constituée par un socle paléozoïque gréso-schisteux, surmonté en discordance par un Mésozoïque épicontinental (Trias germanique, Jurassique calcaro-dolomitique, Crétacé inférieur riche en faciès «continentaux», Crétacé supérieur carbonaté), le tout ayant été, au cours du Cénozoïque, brisé et déplacé suivant de grandes fractures longitudinales.

À l’extrémité nord-ouest, la sierra de la Demanda forme un large pli de fond, à noyau paléozoïque et qui a chevauché, au Miocène, la dépression de l’Èbre. À la terminaison sud-est de la chaîne, l’énorme masse du Maestrazgo est formée par du Crétacé carbonaté. La chaîne proprement dite se divise en trois rameaux: dans l’oriental et le médian, au sud-ouest de Saragosse, le substratum ancien affleure largement; le rameau méridional, beaucoup plus large, montre des plis coffrés dont le Trias gypsifère marque les axes anticlinaux (région de Teruel à Cuenca).

Chaîne pyrénéo-cantabrique

La chaîne pyrénéo-cantabrique ne sera abordée ici que sommairement [cf. PYRÉNÉES]. La zone axiale, à matériel ancien, forme la ligne de faîte; en Pays basque, elle se pulvérise en massifs isolés. De ce fait, l’accident limitant au sud la zone axiale n’est bien défini qu’en Aragon et en Catalogne: décollement vers le sud de la couverture de la zone axiale, cisaillements du socle (Gavarnie, zone des Nogueras). Sur le versant de l’Èbre, la zone sud-pyrénéenne, charriée vers le sud, montre une série mésozoïque complètement décollée sur le Keuper. Elle est plissée d’une manière complexe, essentiellement avant le dépôt de l’Éocène supérieur-Oligocène, surtout conglomératique (Pobla de Segur), qui s’étale à la marge sud-est (Catalogne) et sud-ouest (dépression de l’Èbre). Il en émerge localement, plus au sud, en avant de l’accident du Montsech, la zone des sierras marginales.

À l’ouest de l’Aragon et de la Navarre, les formations paléogènes sont plissées, sans que la «phase pyrénéenne» apparaisse avec autant de netteté qu’à l’est. Les Pyrénées cantabriques, couverture occidentale des massifs paléozoïques basques et des Asturies, montrent de larges plis ouest-nord-ouest est-sud-est. Le Crétacé, extrêmement puissant, domine; il est riche en formations marno-gréseuses, flyschoïdes, armées par l’Urgonien calcaire. Le Trias gicle en grands diapirs. Le Paléogène, en continuité sur le Crétacé, remplit de larges zones synclinales.

Cordillère catalane

La cordillère catalane, sud-ouest - nord-est, se situe, en complète oblique, entre les Pyrénées et la chaîne Ibérique, au rameau nord de laquelle elle se raccorde au sud-ouest de Tarragone. Le matériel hercynien (Paléozoïque et granites), plissé en direction nord-ouest - sud-est, y joue un grand rôle; il chevauche en bloc vers le nord-ouest le Paléogène de la marge sud-est des Pyrénées. Le Mésozoïque, apparenté à celui des Pyrénées et de la chaîne Ibérique, est affecté de plis assez doux avec, en outre, au nord, une série de chevauchements liés aux Pyrénées. Après la phase paroxysmale, un effondrement a divisé en deux la chaîne, l’accidentant longitudinalement: cette «dépression prélittorale» a été remplie de Mio-Pliocène continental, aux faunes classiques de Vertébrés.

Le socle de la Meseta

Du Protérozoïque supérieur schisto-gréseux affleure en Galice orientale, dans les monts de Tolède, en sierra Morena, ainsi que, d’une manière imprécise mais, en tout cas, sur de larges surfaces, en Estrémadure et au Portugal. Ce Protérozoïque, légèrement métamorphique, est généralement discordant sous le Cambrien ou sous l’Ordovicien transgressif.

La base probable de ce Protérozoïque supérieur est formée par une série grossière volcano-sédimentaire (porphyroïdes), l’Ollo de Sapo, reconnue entre la Galice et le sud de Madrid. À noter également que l’on connaît en Galice occidentale et dans le nord-est du Portugal des masses très métamorphiques, souvent basiques et ultrabasiques (cap Ortegal, Bragance, Morais), appartenant vraisemblablement à un Protérozoïque beaucoup plus ancien constituant des nappes hercyniennes internes du système des Asturies (cf. infra ).

Le Paléozoïque est essentiellement formé de Cambrien et d’Ordovicien schisto-gréseux, avec cependant des calcaires vers le milieu du Cambrien. Le Dévonien et le Carbonifère sont moins largement répandus. Cette énorme masse paléozoïque a été plissée suivant une direction «armoricaine», nordouest - sud-est, s’infléchissant vers l’est-sud-est en sierra Morena orientale; elle dessine en Galice et Asturies une magnifique virgation à déversements convergents, les structures tournant de près de 180 degrés dans la région d’Oviedo.

Asturies et Galice sont des régions très étudiées de l’ensemble hercynien ibérique. Il s’agit d’un bel orogène «géosynclinal»: un large sillon, dont la sédimentation du Cambrien au Carbonifère dépasse 20 kilomètres d’épaisseur, se localise dans l’ouest des Asturies, à la partie occidentale des futures zones externes de la chaîne. Les zones internes, plus à l’ouest, voient un Ordovicien-Silurien, relativement mince, reposer directement sur le Protérozoïque, un sillon subsistant toutefois au Cambrien, tout à fait à l’ouest (centre du Portugal).

Du point de vue structural, on y a distingué diverses zones. La plus externe (zone est-asturienne) montre un matériel essentiellement dévono-carbonifère, affecté par plusieurs phases tectoniques, sans métamorphisme ni schistosité, entraînant la formation de grandes nappes de couverture. Plus à l’ouest, la zone ouest-asturienne montre une grande phase, accompagnée d’épimétamorphisme et d’une schistosité verticale. Elle est bordée à l’ouest par la zone de Galice orientale, où le Protérozoïque et le Paléozoïque montrent de grands plis couchés, avec mésométamorphisme et schistosité horizontale, résultant de la même grande phase tectonique. Plus à l’ouest encore, la zone de Galice moyenne montre deux phases principales, avec production de nappes «penniques» affectées d’un mésométamorphisme. La zone de Galice occidentale, encore plus interne, est caractérisée par un métamorphisme atteignant la catazone avec migmatitisations hercyniennes. Ces trois dernières zones structurales de Galice montrent une grande variété de granites hercyniens.

Nord et centre du Portugal et cordillère centrale sont caractérisés par la prédominance de roches très métamorphiques et de granites du cycle hercynien. Les hauts reliefs barrant l’horizon au nord-ouest de Madrid leur sont dus. Alentejo portugais, Estrémadure espagnole et sierra Morena sont caractérisés par une belle zonation structurale ouest-nord-ouest - est-sud-est, les alignements de granites hercyniens se faisant parallèlement aux amples plis à vergence nord-est. Le pays a été complètement arasé sur d’immenses étendues, le réseau fluvial s’encaissant profondément dans cette pénéplaine.

Les bassins sédimentaires

Les bassins sédimentaires sont liés aux chaînes cénozoïques, ou forment la marge de la Meseta, ou encore s’établissent au cœur de celle-ci.

Avant-fosses cénozoïques

Le bassin de l’Èbre constitue l’avant-fosse des Pyrénées, avec son remplissage, riche en conglomérats et en gypses, de l’Oligocène puis du Miocène, discordant. De larges terrasses quaternaires bordent le fleuve. On sait qu’en profondeur le socle est proche (massif de l’Èbre), directement sous le Cénozoïque.

Le bassin du Guadalquivir, avant-fosse du système bétique, est rempli de Miocène inférieur, dans lequel s’interstratifient, en masses fluantes (olistostromes et olistolites), les parties frontales du Subbétique charrié. Le Miocène, moyen et supérieur, est horizontal, la transgression se déplaçant de plus en plus vers le nord; les sondages ont prouvé que le socle de la Meseta s’enfonce doucement sous le Néogène de ce bassin pour s’abaisser très vite plus au sud, en plein sous le Cénozoïque.

Bassin littoral portugais

Entre Lisbonne et Porto, une série mésozoïque épicontinentale, surtout formée de Jurassique (le « Lusitanien » y a constitué un type du Jurassique supérieur) et de Crétacé, est affectée de plis doux et de zones de fractures, le tout orienté nord-sud. À l’embouchure du Tage, un large bassin néogène détermine de basses collines.

Enfin, tout au sud du Portugal, l’Algarve montre, au-dessus d’une puissante série carbonifère arasée, le long de la côte, du Mésozoïque épicontinental, que les sondages ont retrouvé vers l’est, près de Séville, dans l’avant-pays du Bétique.

Bassins cénozoïques de Castille

À l’est du León, la Vieille et la Nouvelle-Castille ont constitué, au Miocène, d’immenses étendues d’eau douce, progressivement comblées par des formations argileuses et marneuses, avec niveaux gypsifères dans les parties centrales et horizons calcaires à la périphérie. De riches faunes de Vertébrés y ont été découvertes. Ces régions constituent de grandes surfaces désolées dont l’altitude moyenne est de 800 mètres; les corniches calcaires, mises en valeur par le réseau du Douro et du Tage, introduisent le seul élément de diversité.

La grande variété géologique de la péninsule Ibérique, les oppositions morphologiques et climatiques entre les diverses grandes régions expliquent aisément les divisions historiques de l’Espagne et du Portugal ainsi que la persistance, dans les actuelles provinces, de puissantes originalités humaines.

Encyclopédie Universelle. 2012.

Игры ⚽ Поможем написать реферат

Regardez d'autres dictionnaires:

  • péninsule — [ penɛ̃syl ] n. f. • 1518; lat. pæninsula « presqu île », de pæne « presque » et insula « île » ♦ Grande presqu île; région ou pays qu entoure la mer de tous côtés sauf un. La péninsule italienne. La péninsule Ibérique, absolt la Péninsule : l… …   Encyclopédie Universelle

  • Iberique — Ibérique Cette page d’homonymie répertorie les différents sujets et articles partageant un même nom …   Wikipédia en Français

  • Péninsule Ibérique — Pour les articles homonymes, voir Ibérique. Péninsule Ibérique Carte topographique de la péninsule Ibérique. Localis …   Wikipédia en Français

  • Ibérique — Cette page d’homonymie répertorie les différents sujets et articles partageant un même nom. Sur les autres projets Wikimedia : « Ibérique », sur le Wiktionnaire (dictionnaire universel) Ibérique (ibérico en espagnol et en… …   Wikipédia en Français

  • ibérique — [ iberik ] adj. et n. • 1767; lat. ibericus, du gr. (→ ibère) ♦ Relatif à l Espagne et au Portugal. La péninsule ibérique. ⇒ hispanique, lusitanien. N. Un Ibérique. On dit parfois ibérien, ienne adj. et n. ● ibérique adjectif (latin (Hibericus,… …   Encyclopédie Universelle

  • Peninsule iberique — Péninsule Ibérique Pour les articles homonymes, voir Ibérique. La péninsule Ibérique est la péninsule à la pointe sud ouest de l Europe. Carte topo …   Wikipédia en Français

  • Péninsule ibérique — Pour les articles homonymes, voir Ibérique. La péninsule Ibérique est la péninsule à la pointe sud ouest de l Europe. Carte topo …   Wikipédia en Français

  • Péninsule Italienne — La péninsule italienne, ou péninsule italique[1], est une péninsule géologique, continentale, qu occupe aujourd hui l État italien. Cela exclut donc la Sicile, la Sardaigne et la Corse. C est une des trois péninsules qui constituent l Europe du… …   Wikipédia en Français

  • Péninsule italique — Péninsule italienne La péninsule italienne, ou péninsule italique[1], est une péninsule géologique, continentale, qu occupe aujourd hui l État italien. Cela exclut donc la Sicile, la Sardaigne et la Corse. C est une des trois péninsules qui… …   Wikipédia en Français

  • Peninsule italienne — Péninsule italienne La péninsule italienne est une péninsule géologique, continentale, qu occupe aujourd hui l État italien. Cela exclut donc la Sicile, la Sardaigne et la Corse. C est une des trois péninsules qui constituent l Europe du sud avec …   Wikipédia en Français

Share the article and excerpts

Direct link
Do a right-click on the link above
and select “Copy Link”